La charité de Saint Martin à Amiens

Nous connaissons bien l’épisode du manteau partagé aux portes d’Amiens par le soldat catéchumène Martin pour vêtir le pauvre. Alors que le froid avait gagné ces contrées, Martin, ayant déjà tout donné, rencontre un pauvre qui implore la charité aux passants. Tous détournent le regard devant la nudité de ce pauvre. Seul Martin, n’écoutant que sa bonté, coupe sa longue cape de soldat pour en revêtir l’homme à terre. Entrant dans la ville sous les quolibets de la foule, se moquant du fier soldat avançant avec un manteau déchiré, Martin retourne dans sa caserne. Quelques passants néanmoins regrettent de ne pas avoir eu le même geste que l’officier romain. La nuit venue, le Christ lui apparait en songe, l’invitant à contempler le manteau donné au pauvre qu’il porte. Se tournant vers les anges, Notre Seigneur déclare : « Martin, n’étant encore que catéchumène, m’a revêtu de ce manteau. »

La charité de St Martin à Amiens est le premier des actes charitables qui vont jalonner sa vie. Il nous apprend à vivre ce que le Seigneur nous enseigne : « ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites. » (Mt 25, 40) La charité, ce n’est pas simplement donner quelque chose à quelqu’un, c’est d’abord et avant tout se donner soi-même. En donnant la moitié de son manteau (a priori la doublure chaude), Martin ne fait pas que donner quelque chose au pauvre. Il se donne tout entier, acceptant le froid, mais plus encore le regard moqueur de ses concitoyens. Il nous apprend ainsi qu’en donnant à celui qui est dans le besoin, nous nous mettons à l’école concrète de l’Evangile du Christ, offrant sa vie pour chacun de nous.

Le baptême nous permet de revêtir le Christ, nous appelant à mettre nos pas dans ses pas. Par l’imitation de la charité de Jésus, guérissant toutes maladies et infirmités, nourrissant les foules affamées, annonçant la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux malheureux, et surtout offrant sa vie pour le Salut des hommes, nous entrons dans le grand geste du baptême que nous avons reçu. Seule la charité est efficace pour entrer dans le Royaume des Cieux. N’ayons pas peur de donner de notre nécessaire pour nos frères. N’ayons pas peur de nous donner par amour pour le Christ à nos frères. Nous accumulerons un trésor au Ciel. Bien plus, en nous donnant à celui qui est dans le besoin, c’est au Christ que nous donnons. En habillant le pauvre de notre charité, nous habillons le Christ dans sa gloire.

En ce temps de l’Avent, où nous préparons à recevoir le Christ nu dans une mangeoire dans la nuit de Noël, habillons-le de notre charité en nous donnant à nos frères pauvres (c’est-à-dire à ceux qui sont en capacité de recevoir), sans nous soucier de rien d’autre que le don de nous-même.

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