Chers amis,
Je souhaiterais réfléchir cette semaine avec vous sur notre attitude profonde qui se manifeste durant ce confinement à la fois plus souple que le premier, mais aussi plus anxiogène. Peu d’entre vous me contrediront, je pense, si je ressens en nous un fond de colère. L’origine de celle-ci peut provenir de réalités distinctes. Certains sont en colère car le confinement n’est pas assez respecté, d’autres parce que les messes publiques ne sont pas autorisées. Nous, les prêtres, ressentons cela au plus profond de nous-même, parce que, pour une part, nous avons les mêmes sentiments que les fidèles (« avec vous je suis chrétien », dit St Augustin), mais aussi, pour une autre part, nous devons être les personnes de l’unité, si nous cherchons à vivre du Christ, principe d’unification (« pour vous je suis pasteur »). Notre difficulté vient de ce que la messe est le moyen sacramentel pour vivre l’unité (pas simplement la communion, mais bien toute la liturgie eucharistique, vécue avec le concours de tout le peuple de Dieu).
Mais nous ne devons pas nous laisser submerger par la colère et le ressentiment. Nous sommes invités à les dépasser par le haut. Nous sommes confinés, c’est un fait. Nous ne pouvons pas avoir accès aux messes en public aujourd’hui, c’est un fait également. Alors, nous sommes invités à creuser en nous le désir de l’Eucharistie, de cette union passant par la communion. Nous devons chercher à construire notre relation eucharistique avec celui qui s’est offert une fois pour toute en nous. Ainsi, lorsque nous le pourrons de nouveau, nous entrerons davantage dans ce grand mystère de celui qui se fait tout en tous, et qui nous unit les uns aux autres, par-delà nos divergences apparentes.
Dans ces quelques pages à venir, je vous inviterai à plusieurs propositions pour découvrir pourquoi je dois vivre de l’Eucharistie, source et sommet de toute vie chrétienne. Mais d’ores et déjà, je fais un vœu (que je n’espère pas pieux), c’est qu’à la prochaine messe ouverte à tous, nous soyons en pleurs… de joie spirituelle, lorsque nous viendrons nous présenter devant la table de communion.
Don Matthieu de Neuville, p+